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Le bilan social du gouvernement RaffarinJean-Pierre Raffarin, « kamikaze du Medef » ?
Source : Bip 40
Il y a plus d’un an le RAI publiait un premier bilan de l’action de J.P. Raffarin à Matignon : « tout est à eux », disions nous alors. Depuis les mobilisations sociales et les résultats des consultation électorales ont largement confirmé notre analyse : les gouvernements Raffarin, I, II ou III, mènent une politique au service d’intérêts particuliers, comme aucun gouvernement n’a osé le faire en France dans les décennies récentes. Dans quasiment tous les domaines de l’action publique ils ont entrepris de saper systématiquement les garanties sociales, en complète contradiction avec les attentes de la population et au mépris des circonstances de l’élection de J. Chirac en avril-mai 2002 avec 83% des suffrages. Avec ce 2è « Bilan Raffarin », le RAI souhaite reconstituer la cohérence de la politique menée depuis deux ans par ces gouvernements issus du 21 avril et du 6 mai 2002. Loin de viser une réduction de la “ fracture sociale ”, l’action de J.P. Raffarin à l’instigation de J. Chirac est la juxtaposition de déclarations ronflantes sur la cohésion sociale, et d’innombrables mesures qui fragilisent les plus fragiles et aggravent les inégalités. Ce mensonge permanent, les électeurs l’ont sévèrement sanctionné lors des récentes élections régionales et européennes. Pourtant rien ne semble devoir arrêter ce gouvernement : tout se passe comme si J.P. Raffarin, en kamikaze du Medef, avait décidé de terminer le « sale boulot » avant de passer la main à un successeur mieux en mesure de préparer pour la droite les élections de 2007. Depuis ses débuts, toute la politique économique et sociale de J.P. Raffarin sert les seuls intérêts de sa clientèle, pour l’essentiel le petit, moyen et grand patronat français, et les couches moyennes salariées ou indépendantes. En même temps qu’il multiplie les cadeaux à sa clientèle, ce gouvernement déploie une démagogie sécuritaire pour montrer à la « France d’en bas » qu’il s’occupe des « vrais » problèmes, c’est-à-dire de cette insécurité si soigneusement montée en épingle par les grands médias lors de la campagne électorale de 2002. C’est pourquoi ce gouvernement multiplie les boucs émissaires : immigrés, prostituées, Roms, consommateurs de cannabis ou filles voilées (quoi qu’on pense du débat sur la laïcité à l’école) sont autant de cibles faciles qui permettent de détourner l’attention des conséquences de ses politiques sociales. Libéralisme, clientélisme et caporalisme sont les trois ressorts de l’action gouvernementale. Avec une mesquinerie et un aveuglement parfaitement symbolisés par le refus de rien concéder au mouvement des chercheurs - porteur d’une conception de l’intérêt général - alors qu’on arrosait les buralistes qui défendent becs et ongles leur rente tabagique. Le Réseau d’Alerte sur les Inégalités propose ici un décorticage des initiatives prises par le gouvernement Raffarin dans différents domaines clés de son action économique et sociale : la fiscalité, l’emploi, la santé, l’éducation, l’immigration, l’insertion, le chômage, le logement. Dans le domaine de la fiscalité, ce qui domine est l’obsession de réduire l’impôt sur le revenu et les cotisations sociales. La France n’hésite pas à braver les sacro-saints seuils de Maastricht en dépassant allégrement les 3% du PIB pour le déficit public, du moment que cela permet de réduire les impôts et taxes acquittés par les entreprises et les riches particuliers. Les dépenses collectives, les droits sociaux sont systématiquement rabotés, comme dans le cas de l’assurance-maladie ou de l’indemnisation du chômage. Dans le domaine de l’emploi, c’est la flexibilisation du travail et des contrats, ainsi que le développement des « petits boulots » dans le secteur privé, qui sont privilégiés comme « remède » au chômage. M. Raffarin ose même prétendre qu’une amnistie des capitaux évadés frauduleusement permettra d’en faire revenir une partie et de créer des emplois. Quant à M. Sarkozy, il a imaginé de favoriser la transmission défiscalisée du patrimoine des riches personnes âgées à leurs enfants et petits enfants, soit-disant pour « relancer l’économie ». Comment prendre au sérieux une seconde de telles initiatives ? Jusqu’où ira le cynisme de ces gouvernants ? Le RAI vient de publier son Barême des inégalités et de la pauvreté (le Bip 40), qui montre qu’après un répit dans les années 1999 à 2001, la fracture sociale a recommencé à s’élargir dans notre pays à partir de 2002. Dans tous les domaines étudiés les initiatives prises par le gouvernement Raffarin peuvent en effet se caractériser par quelques constantes : accroître les privilèges des privilégiés, flatter les préjugés des couches moyennes salariées ou indépendantes, réduire les droits sociaux des couches populaires et précarisées pour les « inciter » au travail. Rien d’étonnant à ce que les inégalités s’accroissent à nouveau, même si J.L. Borloo veut mettre en scène la fibre sociale de ce gouvernement en annonçant un plan de cohésion sociale. Nous n’avons nullement l’ambition d’être exhaustifs ; ainsi nous ne reprenons pas l’analyse, déjà maintes fois faite par le mouvement social, de la contre-réforme Fillon sur les retraites imposée au printemps 2003 malgré de puissantes mobilisations. Cette lutte a su poser la question du partage des richesses, en montrant que le financement des retraites n’était pas un « fardeau insupportable » pour la Nation mais posait la question de l’accroissement de la part du salaire, direct et socialisé, dans la richesse créée annuellement dans ce pays. Cette question du partage de la richesse est aujourd’hui encore au cœur des enjeux de la réforme de l’assurance-maladie comme de la politique fiscale ou de l’indemnisation du chômage. Tous les discours savants des économistes néo-libéraux sur les lois d’airain de l’économie ne sauraient nous le faire oublier : la politique est avant tout une affaire de choix et de priorités. Ceux de ce gouvernement sont largement rejetés par l’opinion publique, on comprend mieux pourquoi en se référant au bilan qui suit Sur le même sujet : Le bilan de Jacques Chirac : "un désastre absolu" ?
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