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RÉSEAU SOCIAL SOLIDAIRE

Amiante, autopsie d’une désinformation

Source : ANDEVA / le 06/09/2005

Amiante : histoire d’une catastrophe évitable L’ANDEVA a porté plainte contre X : pour les délits d’empoisonnement, de voies de faits ayant entraîné la mort, coups et blessures involontaires, et abstention délictueuse, en se contituant partie civile.

Cette plainte fondamentale, qui se présente comme un long document rappelant dans le détail l’historique de l’affaire de l’amiante, vise a rechercher et sanctionner les responsables de cette catastrophe sanitaire


De 1975 à nos jours : 20 années de dissimulation

LA "PLAINTE FONDAMENTALE"

(extrait)

A la diffusion des informations sur les dangers de l’amiante, la Chambre Syndicale de l’Amiante dont le siège est à 75008 PARIS 10 Rue de la Pépinière et le Syndicat de l’Amiante-Ciment ripostèrent dès 1976 et au début de l’année 1977 par des communiqués et par l’édition d’un livre et d’une brochure (" AMIANTE, LA VERITE ", " VIVRE AVEC L’AMIANTE , FIBRE DE LA TERRE ").

Dans la brochure " VIVRE AVEC L’AMIANTE... ", l’aspect naturel du matériau est exploité à des fins commerciales. A la question " l’amiante est-il dangereux ? ", la brochure répond : " non, l’amiante n’est pas un poison ".

Cette affirmation est mensongère puisqu’alors plus personne n’ignorait que l’amiante était un cancérogène faisant de plus en plus de morts dans le secteur industriel.

La négation du qualificatif de poison est bien sûr atténuée par la suite du texte :

" Seules ses poussières peuvent être dangereuses "...

Il s’agit d’un début de vérité, aussitôt atténuée par l’injonction : " il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas de communes mesures entre la quantité de poussière qui peut exister à l’échelle industrielle (contre lesquelles l’homme a appris à lutter) et celle qui peut éventuellement se dégager dans une maison ".

De fait, les auteurs paraissent hésiter entre deux lignes de défense :

  • la négation pure et simple : " l’amiante n’est pas un poison ",
  • la reconnaissance que l’amiante est un poison mais en ajoutant " c’est la dose qui fait le poison " et l’amiante que vous inhalez, même en milieu industriel, ne l’est qu’à faibles doses. En conséquence les effets nuisibles pourraient être facilement évités.

Si la première ligne de défense repose sur une contre-vérité évidente à cette époque (fin 1976), la seconde n’est pas plus recevable si on veut bien se rappeler que dès 1960, il était connu que les victimes de mésothéliome apparaissaient aussi bien pour de fortes expositions que pour de faibles expositions (environnement de proximité). Ainsi dans l’étude de référence de WAGNER de 1963, plus de la moitié des victimes de mésothéliome n’ont eu qu’une exposition environnementale.

S’il est vrai que dès 1930, il est connu que l’asbestose est une maladie dose - dépendante classique, que l’on ne verra pas se manifester nettement pour de faibles expositions, il n’en est plus de même avec les cancers.

Chacun, dès cette époque, en est bien persuadé dans les milieux scientifiques et médicaux. Toute exposition à un cancérogène entraîne un risque. Le cancer n’est pas une maladie dose - dépendante classique dont le degré de gravité est fonction de la dose.

Dans la brochure " VIVRE AVEC L’AMIANTE... ", le cancer broncho-pulmonaire n’est présenté que comme " une complication possible de l’asbestose " et non comme une maladie indépendante, de mécanisme différent. En dépit des données de l’épidémiologie, il est affirmé que " le nombre de cancers bronchiques chez l’ensemble des ouvriers de l’amiante ne semble pas plus élevé que le nombre de cancers bronchiques dans la population générale du même âge ".

Quant au mésothéliome, il est défini comme une forme très rare de cancer, sans préciser " très rare dans les populations non exposées à l’amiante ". Qui plus est, sans preuve, le mésothéliome est présenté comme non exclusivement lié à l’amiante.

L’argumentation dans les livres, brochures, communiqués qui vont suivre ne changera guère dans les mois et années suivantes.

Dans l’ouvrage " L’AMIANTE, LA VERITE " (diffusé au début de l’année 1977), il faut cependant noter une affirmation mensongère supplémentaire : " l’amiante n’est pas un cancérogène direct du poumon ".

Or, depuis plusieurs années, et en particulier depuis 1974, les données obtenues en expérimentation animale avaient permis de confirmer totalement les données humaines. L’amiante est bien un cancérogène direct du poumon, en ce sens que son action cancérogène n’implique pas l’apport obligatoire d’une autre substance cancérogène.

La ligne de conduite étant fixée sur le fond, quels furent les modes d’intervention que vont choisir les Chambres Patronales pour la faire triompher et maintenir un large usage de l’amiante ?

  • Tout d’abord dénoncer ceux qui se sont fait prendre et ont ainsi illustré les scandaleuses conditions de travail dans l’industrie transformatrice d’amiante. La Société AMISOL est répudiée par de grands placards publicitaires dans toute la presse (novembre 1976) !
  • Puis reconnaître qu’il existe des maladies professionnelles dues à l’amiante mais que les mesures de protection prises permettront de les faire disparaître dans le futur.
  • Enfin dénoncer la mauvaise utilisation " du flocage d’amiante ".

Ces sacrifices étant consentis, et du lest ayant donc été lâché, les Chambres Syndicales relancent alors la vieille stratégie d’un comité scientifique qui pourra servir de caution à leurs objectifs commerciaux sinon mercantiles.

Le Professeur CHAMPEIX, gravement compromis dans l’affaire AMISOL est abandonné... Aussi un appel d’offre est-il lancé pour " créer et soutenir, avec les moyens utiles, un comité scientifique ouvert à tous les scientifiques compétents afin (...) de définir les conditions dans lesquelles l’amiante ne fait courir aucun risque pour la santé ". Le livre, " AMIANTE, LA VERITE ", qui publie cette proposition dénonce en même temps les avis " alarmants " des Professeurs SELIKOFF et BIGNON. Ce dernier ripostera par une lettre adressée à Monsieur Raymond BARRE. La création d’un comité devra alors être remis à plus tard, malgré la réunion à grands frais d’un colloque international à BEAUBOURG, le 6 mai 1977.

Prête en particulier la main à ce " colloque pour la création et le soutien d’un comité scientifique ", le Professeur E. FOURNIER, Président de la Commission des Maladies Professionnelles...

Dès cette époque les Chambres Patronales ont confié la responsabilité de leur communication à un cabinet de relations publiques (C.E.S. - 10 Avenue de Messine 75008 PARIS) dirigé par Monsieur VALTAT.

En 1981, un changement intervient au niveau de la communication. Les Chambres Syndicales s’effacent derrière un nouveau né, l’Association Française de l’Amiante (A.F.A.), elle-même très probablement membre dès cette époque de l’Association Internationale de l’Amiante (A.I.A.).

C’est le cabinet C.E.S. qui organisera l’étape importante suivante dans la stratégie de communication de l’A.F.A. soit un congrès international auquel participèrent 700 personnes à MONTREAL durant le mois de mai 1982. Les invitations furent lancées, tous frais payés, en direction des syndicalistes, journalistes, personnalités scientifiques et responsables ministériels.

Dans le prolongement du congrès de MONTREAL deux réunions seront organisées par l’AFA :

  • L’une le 20 septembre 1982 : elle réunit des responsables ministériels et syndicaux, ainsi que trois personnalités du monde médical et scientifique.
  • L’autre le 9 novembre 1982, journée d’étude destinée à sceller un certain type d’alliance et de compromis entre les dirigeants de l’industrie de l’amiante, les Ministères, quelques syndicalistes et quelques médecins et scientifiques.

Le coup d’envoi à la création du " Comité Permanent de l’Amiante " (C.P.A.) était donné. Suivent douze années durant lesquelles l’AFA va s’effacer derrière le CPA, promu structure de référence sur le problème de l’amiante... _ Le rôle du Comité Permanent de l’Amiante (C.P.A.) Qu’est-ce que le Comité Permanent Amiante ?

Dans son " Livre Blanc " : " l’usage contrôlé " de l’amiante, utopie ou réalité ", le C.P.A se définit ainsi. :

" Le C.P.A. n’est pas une organisation au sens juridique du terme (...) il n’a pas de statuts ni de règlement intérieur (...) il n’a pas de siège social ".

Selon une formule dont la paternité est attribuée à Monsieur Dominique MOYEN, Directeur Général de l’I.N.R.S., le C.P.A. est " un lieu vide, un lieu commun, à la disposition de tous, où l’on pourrait se retrouver pour échanger des idées sur les ordres de priorité, avoir une vue critique sur ce qui se passe, essayer d’échanger des idées sur les vérifications des mesures, provoquer des échanges contradictoires ".

Plus loin on peut lire :

" Ainsi naquit le C.P.A. essentiellement composé de bonnes volontés ".

Le but affiché est " l’amélioration des conditions de travail et spécifiquement des conditions d’empoussièrement " qui, ajoute le C.P.A. " a fait l’objet de longues séances de concertation basées sur le principe de l’usage contrôlé de l’amiante ".

Ainsi apparaît d’entrée, mais en filigrane, le véritable but du C.P.A. : promouvoir " l’usage contrôlé de l’amiante " ce qui, dans le contexte de l’époque (1982), signifiait éviter l’interdiction de l’amiante vers laquelle se dirigeaient déjà plusieurs pays européens. On sait que, depuis, sept pays européens ont totalement interdit l’usage de l’amiante.

Quant à l’action visant à " l’amélioration des conditions du travail ", elle ne s’est guère traduite au niveau des travailleurs concernés. Il faut dire que le CPA, préférait louer les actions de l’industrie, qu’il décrit comme ayant montré la " capacité, non seulement à respecter les normes réglementaires, mais plus encore à proposer de les abaisser " (Livre Blanc, page 13).

La réalité ne confirme pas l’image d’un organisme composé d’Experts et de personnes de bonne volonté.

En fait le C.P.A. est le " Comité Scientifique " que la Chambre Syndicale de l’Amiante puis l’AFA cherchaient depuis plusieurs années à créer. La S.A. COMMUNICATIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES (C.E.S.) créée en 1966 est, sans discussion possible, une entreprise de lobbying, elle est d’ailleurs devenue membre de l’Association Française des Conseils en Lobbying (A.F.C.L.).

Cette Association professionnelle fondée en 1991 regroupe les principaux cabinets conseils professionnels exerçant cette activité en FRANCE depuis au moins deux années.

L’Entreprise C.E.S. aux termes de ses statuts a eu pour objet dès 1967 " l’exercice, directement ou indirectement en FRANCE ou à l’étranger, de toute activité concernant les communications sociales ou économiques et comportant, notamment, l’exécution de tous travaux d’édition et d’imprimerie pour le compte des tiers "...

Dans la plaquette de présentation de l’Association des Conseils en Lobbying, le lobbyiste est présenté comme un professionnel au service des entreprises et des collectivités. Il intervient " pour traduire le discours technique de l’entreprise ou du secteur d’activité dans un langage qui tient compte des préoccupations des pouvoirs publics et de l’intérêt général ".

Pour y parvenir, le lobbyiste met en oeuvre une " méthodologie scientifique ".

" Il procède à l’analyse du contexte politique, économique, juridique et social dans lequel s’inscrivent les intérêts de son client. A partir de l’instruction du dossier il préconise une stratégie de relation avec les pouvoirs publics et les autres pouvoirs (médias, milieux scientifiques, organisations communautaires et internationales ).

Il identifie les " publics cibles " et assure la liaison permanente et l’information entre son client et les représentants de ces pouvoirs... ". La conclusion de l’Association Française des Conseils en Lobbying est très inquiétante :

" Le lobbyiste est un professionnel au service des entreprises et des collectivités. Son action vise à expliquer et faire valoir les intérêts particuliers susceptibles d’être lésés par une priorité accordée, sans nuance, à l’intérêt général... " (SIC)

Dans la même plaquette (page 19), les principales Sociétés de lobbying se présentent. Monsieur Jean-Pierre HULOT, l’actuel Président Directeur Général de C.E.S., décrit son entreprise. Il cite comme étant ses premiers clients :

  • l’A.F.A. (Association Française de l’Amiante),
  • l’A.I.A. (Association Internationale de l’Amiante).

Il est donc clair que la Société COMMUNICATIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES, entreprise de lobbying dont les principaux clients sont les industriels de l’amiante, a mis en place et orchestré l’activité du C.P.A. durant plus de dix ans afin (pour reprendre la formule de l’A.F.C.L.) de faire valoir des intérêts particuliers susceptibles d’être lésés (ceux des industriels de l’amiante) par une priorité accordée sans nuance à l’intérêt général (la santé des citoyens).

Les actions du C.P.A.

Le C.P.A. se présente donc comme un Comité d’Experts, d’industriels, de Responsables des pouvoirs publics et de partenaires sociaux qui débattent " raisonnablement " dans l’intérêt de la collectivité. Intérêt doit être compris dans un sens économique plus que dans un sens de santé publique. Pour promouvoir l’" usage contrôlé de l’amiante " le C.P.A. a multiplié les actions.

1 ð En direction du grand public : il s’agit de rassurer et de désinformer une population de plus en plus inquiète des dangers de l’amiante.

2 ð En direction de la communauté médicale et scientifique : il s’agit d’en contrôler le discours et, autant que possible, de tenir le monopole de l’expertise scientifique sur l’amiante.

3 ð en direction des pouvoirs publics : il s’agit d’influencer les autorités et d’éviter l’élaboration d’une législation trop contraignante pour les industriels et surtout l’interdiction de l’amiante. Communication vers le grand public : RASSURER et

DESINFORMER

Le C.P.A. diffuse largement les brochures élaborées par ses membres, ceux-ci s’expriment également par tous les moyens des médias, organisent des conférences de presse, etc...

Dans une brochure intitulée " L’AMIANTE ET LA SANTE, CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR ET FAIRE SAVOIR " on peut lire page 9 :

" L’amiante est dangereux pour la santé. Il doit être utilisé correctement. Ceci ne doit pas nous effrayer car dans notre vie nous sommes chaque jour au contact de matériaux ou d’éléments dangereux, mais doit nous inciter à être très vigilants.

Selon qu’ils sont bien ou mal utilisés, ces matériaux et ces éléments peuvent être relativement sûrs et utiles ou au contraire dangereux et inadaptés.

Ne pensez-vous pas que l’eau, le feu, l’électricité, les automobiles, les machines... peuvent être selon qu’on les maîtrise ou non les choses les meilleures ou les plus dangereuses ?

Rappelons que nous avons appris à manipuler en sécurité les explosifs et les matériaux radioactifs ". Certes, le C.P.A. ne prétend plus que " l’amiante a plus que des applications industrielles, il vous rend des services chez vous " comme dans la brochure " VIVRE AVEC L’AMIANTE ". (éditée par C.E.S. en 1976).

Il reconnaît même que " l’inhalation de poussières d’amiante peut provoquer l’apparition de quatre maladies chez l’homme : l’asbestose, les lésions pleurales, le cancer du poumon et le mésothéliome ".

Mais il évite soigneusement de chiffrer les dégâts causés par l’amiante, et le seul chiffre qu’il donne est faux ; ainsi on peut lire dans l’" AMIANTE ET LA SANTE " (1994) que :

" Le mésothéliome est un cancer rare, moins de 200 cas par an en FRANCE ".

Il faut noter qu’en 1994, les statistiques disponibles de l’INSERM (plusieurs Experts du C.P.A. sont chercheurs à l’INSERM) indiquaient, pour l’année 1992, un chiffre de 845 décès par mésothéliome et cancer primitif de la plèvre. LE C.P.A essaie de faire croire que la population ne court aucun danger, que seuls les professionnels de l’amiante sont exposés mais que ce risque est aujourd’hui " bien maîtrisé ".

Le C.P.A entretient systématiquement le doute auprès du grand public et des pouvoirs publics. Ainsi la question des bâtiments floqués n’est abordée le plus souvent que sous l’angle du danger des déflocages mal faits. Ainsi lors de la conférence du 7 novembre 1994, le docteur BROCHARD insista sur le fait que " dans certains cas, retirer le flocage est plus risqué que de le laisser ". (LE MONDE, 7 décembre 1994).

Même stratégie du doute concernant les produits de substitution : " les mêmes précautions de mise en oeuvre doivent être maintenues pour ces produits de remplacement comme pour ceux à base d’amiante ". Ces produits seraient-ils aussi dangereux que l’amiante ? Tel est probablement le cas des fibres céramiques, mais sûrement pas par exemple des fibres végétales utilisées comme produit de remplacement dans l’application la plus importante : l’amiante-ciment. Le discours scientifique du C.P.A.

Le discours scientifique du C.P.A. ne cherche pas à nier que l’amiante est cancérigène mais s’applique à minimiser l’ampleur des dégâts et à en rejeter la responsabilité sur le manque de précaution dans le passé. Un des arguments le plus récurrent repose sur les temps de latence : " Ce long délai explique que les maladies constatées aujourd’hui proviennent d’une exposition ancienne, à une époque où les maladies dues à l’amiante étaient mal connues. Il faudra malheureusement attendre quelques années pour apprécier progressivement les effets des mesures de sécurité qui sont en vigueur actuellement ".

Les cancers causés par l’amiante mettent, en effet, 30 à 40 ans pour se développer, cet argument pourrait permettre de vendre impunément de l’amiante pendant un certain temps. Notons aussi que les mesures de sécurité prévues par le décret de 1977 étaient, en 1994, à peu près appliquées dans l’industrie transformatrice de l’amiante, mais beaucoup plus difficiles à mettre en oeuvre pour la majeure partie des ouvriers exposés, ceux du bâtiment.

Un deuxième argument tente d’escamoter l’existence des cancers du poumon en insistant sur le fait que " le tabac est un facteur aggravant de ce risque " puis en insinuant que " l’augmentation du risque a surtout été démontrée lorsqu’il existe une fibrose associée ". Comme le C.P.A. laisse par ailleurs entendre que le risque de fibrose est " bien maîtrisé " et quasiment nul aux doses autorisées actuellement, il incite le lecteur à conclure qu’il en est de même pour le cancer du poumon.

On a vu que le C.P.A. s’est permis de tricher avec les données scientifiques de mortalité par mésothéliome. Il reconnaît que : " Environ 70 % des cas de mésothéliome ont atteint des personnes ayant été exposées aux poussières d’amiante ". ...mais oublie de préciser que l’amiante est le seul facteur étiologique connu du mésothéliome ; ce qui est suggéré encore une fois est que seules les personnes exposées professionnellement risquent de développer un mésothéliome.

Le C.P.A. est parvenu jusqu’à environ 1994, à exercer un monopole d’expertise sur l’amiante qui lui a été très utile pour influencer les pouvoirs publics. Dans son " Livre Blanc " il résume sa position en estimant que : " Si dans le passé les activités de transformation des matériaux ont engendré des risques importants, l’amélioration des conditions de travail conduit aujourd’hui à une solution socialement acceptable ". L’action en direction des pouvoirs publics On peut mesurer l’influence du C.P.A. en comparant les mesures et législation adoptées dans divers pays européens de 1982, date de la création du C.P.A., à 1994, date où il connaît un relatif discrédit (durant 1995 notamment les représentants de l’Etat puis ceux de la C.G.T. cessèrent de collaborer avec le C.P.A.).

Alors que la gestion du problème des bâtiments floqués était fortement influencée en FRANCE par le C.P.A. - à l’occasion de sa conférence de Presse du 7 novembre 1994, le même C.P.A. se félicite de ce que " la circulaire publiée par le Ministère de la Santé le 15 septembre 1994 reprenne en substance la méthodologie de sa brochure déjà publiée sous l’égide de plusieurs ministères. ".

Alors qu’à la même époque, plusieurs pays voisins choisissaient d’interdire l’amiante et de développer une politique cohérente de décontamination des bâtiments, rien ne fut réalisé en FRANCE entre 1982 et 1994.

Mais la plus grande réussite politique du C.P.A. est, selon " son Livre Blanc ", d’avoir bloqué une directive européenne élaborée dès 1990 et proposant l’interdiction de l’amiante. A la page 25, de son " Livre Blanc ", le C.P.A. décrit très minutieusement l’ensemble de ses interventions auprès des instances européennes afin que la Commission abandonne le principe d’abolition obligatoire tout en laissant les pays qui le souhaitent interdire l’usage de l’amiante sur leur territoire.

Le C.P.A. n’hésite pas à avancer des arguments (page 46) comme : " Le projet d’interdiction est un projet dangereux pour la santé des travailleurs en ce qu’il ne règle en rien les séquelles du passé et risque d’entraîner un abandon des dispositifs de protection pendant la période intermédiaire ". Le C.P.A. insiste sur les conséquences sur l’emploi : " Le projet d’interdiction est un mauvais projet en ce qu’il sera générateur de chômage ".

Le C.P.A. affirme sa volonté (page 27 du Livre Blanc) " de préserver une expérience sans précédent, de sauvegarder à la fois la santé publique et des milliers d’emplois précieux... ".

Le C.P.A. tente ainsi de présenter la position française comme exemplaire pour la Communauté Internationale. Il n’est cependant pas inutile d’attirer l’attention sur l’extrême lucidité des membres du C.P.A. qui écrivaient (" Livre Blanc " page 28) " finalement ce qu’a permis le C.P.A. c’est de faire de la FRANCE, le seul pays au monde qui ait pu conserver une activité industrielle performante en préservant l’homme, la nature et la société des risques associés à l’usage d’un produit dangereux mais utile.

Cet acquis, aussi positif qu’il puisse paraître, ne doit pas laisser méconnaître que certains domaines importants restent encore mal connus.

C’est le cas en particulier des utilisateurs anciens et actuels de matériaux contenant de l’amiante pour lesquels on ne dispose pas d’évaluation précise des expositions alors que certaines données montrent que le risque a été réel et qu’il peut persister... ".

Dès lors, c’est bien délibérément que le C.P.A. a mené cette politique de désinformation en sachant que " certains domaines particulièrement important " comme " le cas des utilisateurs anciens et actuels " de matériaux contenant de l’amiante étaient encore mal connus... Il a pu le faire grâce au concours d’Experts Médecins et de membres de l’INRS, qui ont participé à ses activités et apporté leur caution.

  • Sur le même sujet :

Amiante : conspiration du silence autour d’un produit cancérigène



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