Près de 4,5 millions de personnes (10 % de la population urbaine) vivaient, au recensement de 1999, dans 751 quartiers classés Zone urbaine sensible (ZUS). Des quartiers "prioritaires" dans lesquels une politique spécifique d’aménagement et de développement social est menée, depuis plus de 20 ans, pour rattraper les inégalités. Malgré la succession de dispositifs, les habitants de ces quartiers connaissent deux fois plus le chômage que le reste de la population.
Cet écart s’explique d’abord par l’effet de la ségrégation urbaine. Ces quartiers ont connu le départ massif des couches moyennes, ils concentrent les difficultés sociales et on y trouve des populations ayant plus de difficultés à obtenir un emploi (sur-représentation des catégories populaires, des jeunes et des personnes peu ou non diplômées notamment).
Taux de chômage en 2003, en %
Zone urbaine sensible |
|
France métropolitaine |
Hommes 15-59ans |
18,8 |
|
8,8 |
Femmes 15-59ans |
21,1 |
|
11,1 |
Ensemble 15-59ans |
19,8 |
|
9,9 |
Source : INSEE, enquête Emploi 2003, population active de 15 à moins de 60 ans
Toutes ces raisons n’expliquent pas totalement le niveau du chômage dans ces quartiers. Ayant pris en compte ces différents facteurs de disparité, l’INSEE estime encore le risque de chômage significativement supérieur dans les ZUS (+ 4,5 points pour les hommes, + 5,7 points pour les femmes). A l’“effet quartier”, on peut enfin ajouter un “effet origine” : l’écart constaté est aussi une conséquence de la discrimination à l’embauche. Non seulement l’adresse portée sur le CV se transforme en véritable stigmate social, mais les employeurs et agences d’intérim opèrent aussi un tri plus ou moins explicite selon l’origine ethnique des postulants. Ainsi, pour un homme immigré originaire d’un pays non européen, le risque de chômage est majoré de 17 points par rapport à la situation d’un non immigré présentant les mêmes caractéristiques (l’écart est de 15,5 points pour les femmes).
Le chômage dans les départements
Taux de chômage au 3e trimestre 2003 %
Lozère 5,4 |
Mayenne 5,8 |
Aveyron 5,9 |
Ain 6,2 |
Cantal 6,4 |
Corrèze 6,8 |
Vendée 7,1 |
Haute-Savoie 7,1 |
Deux-Sèvres 7,3 |
Yvelines 7,4 |
Ille-et-Vilaine 7,4 |
Gers 6,3 |
Var 12,5 |
Nord 12,6 |
Bouches-du-Rhône 13,0 |
Seine-saint-Denis 13,4 |
Ardennes 13,4 |
Pyrénées-Orientales 13,6 |
Gard 14,2 |
Hérault 15,0 |
Source : ministère de l’Emploi
On compte 5,4 % de chômeurs en Lozère contre 15 % dans l’Hérault, selon les données du ministère de l’Emploi du troisième trimestre 2003. Dans certains territoires de l’Hexagone, on se trouve à un niveau proche du plein emploi, alors que d’autres sont en situation bien plus difficile que ne l’indique la moyenne nationale.
Les chiffres sont pourtant trompeurs : certains départements ont un bas niveau de chômage parce que les créations de postes y sont très faibles (on sait qu’on a peu de chance d’y trouver des emplois) ou parce que la part de personnes âgées y est plus forte. De Mende en Lozère, mieux vaut aller chercher meilleure fortune vers Montpellier, dans l’Hérault. Mais certains départements, comme les Yvelines ou l’Essonne, comptent relativement peu de chômage par rapport à la moyenne nationale du fait de leur dynamisme propre.
Observatoire des inégalités
Sur le même sujet :