Débâcle socialiste aux Européennes, l’after...
Nous ne nous adressons pas ici aux "socialistes" entre guillemets, mais aux vrais, sincères, militants de gauche du PS. Humainement, nous compâtissons à la déconfiture de leur parti en forme de terrible camouflet. Mais pas politiquement. Voilà trop longtemps que la tyrannie du "vote utile", le chantage sur l’air du "vous allez faire gagner la droite" prenait en otage l’électeur de gauche, en le sommant de voter pour un parti qui n’en finit plus de partir à la dérive. Souvenons-nous ainsi du ministre de l’Économie Dominique Strauss-Kahn, qui a privatisé sous le gouvernement Jospin à un point que même la droite n’a pas osé. De Jospin confessant en 2002 : "mon programme n’est pas socialiste". De l’appel à voter en faveur du Traité constitutionnel européen au référendum de 2005, alors même que ce texte gravait dans le marbre le libéralisme comme horizon indépassable de l’Union européenne.
Du refus de s’opposer au passage en force du traité de Lisbonne par la ratification parlementaire, après s’être pourtant engagé à réclamer un référendum, d’être par conséquent complice de cette forfaiture qui impose au peuple ce qu’il avait clairement rejeté. Relisons les déclarations droitières d’un Manuel Valls, les positions anti-immigration d’un Malek Boutih, les reniements d’un Lang, sans même se pencher sur les douloureux cas de Kouchner et, plus infame encore, de Besson. Rappelons la querelle idéologique entre Delanoë et Royal, qui proposait l’alternative entre "socialisme" libéral ou "socialisme" centriste. C’est ce PS-là que l’électeur a renvoyé à ses chères études, en lui infligeant un piteux 16,48% des suffrages exprimés. Charitable, on ne retournera pas le couteau dans la plaie en calculant le pourcentage sur le nombre des inscrits, avec une abstention à 60% (qui crédite l’UMP de 12% seulement, c’est dire !).
Que faire alors ? Intéressant sondage TNS Sofres-Logica repris par Le Monde, portant sur la motivation du vote au jour des élections européennes : pour 37 % des personnes interrogées, le PS n’est pas assez à gauche, 27 % considérant qu’il est "à gauche, juste comme il faut". Sur France 2, l’inénarrable David Pujadas a commenté qu’aucune des deux options ne se dégageait, en s’asseyant sur les 10% d’écart ! Et chez les électeurs socialistes, plus nombreux encore sont ceux qui trouvent leur parti trop à droite : 52 %. Voilà pour le constat.
Le PS est-il capable de retrouver le chemin de la gauche ? Certains, las d’attendre l’impossible rédemption, ont claqué la porte et fondé le Parti de gauche. Il est peu probable que quoi que ce soit de positif ressorte du Conseil national du PS qui se tiendra ce soir. Voici donc notre appel aux camarades socialistes : contruire avec les altermondialistes, les écologistes - qui se fourvoient en votant pour Cohn-Bendit, oubliant que la vraie écologie est anticapitaliste -, le Front de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste, une vraie alternative pour changer le système. Assez de querelles de chapelles, de conflits de personnes... Tous ensemble et à gauche toute !