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![]() Portmeirion (Pays de Galles), le village du Prisonnier![]() Source :The Sunday telegraph
Ici la fantaisie est un art de vivre. Sur une falaise isolée au nord du pays de Galles se cache un bijou d’architecture éclectique et fantaisiste : le hameau de Portmeirion - un hôtel et huit magasins - rendu célèbre par la série télévisée Le Prisonnier.
PORTMEIRION, RÊVE ROMANTIQUE D’UN FACTEUR CHEVAL GALLOIS ."Tous les chemins mènent quelque part", plaisante une grosse dame tout essoufflée, remontant à grand-peine les escaliers avec son mari. A Portmeirion, toutefois, les apparences sont souvent trompeuses : au détour d’un chemin peuvent apparaître une grotte, un arc de triomphe, une entrée baroque ou encore une colonnade classique. Portmeirion, un village de bord de mer dominant l’estuaire de Porthmadog, dans le nord du pays de Galles, est le fruit de l’imagination de sir Clough Williams-Ellis [1883-1978]. Ce visionnaire non conformiste a construit Portmeirion à partir de 1925 dans un style italianisant aux couleurs de crèmes glacées. Le bâtiment le plus important est la demeure victorienne d’origine, reconvertie en hôtel.
Cela peut prêter à confusion pour les visiteurs qui veulent une chambre à l’hôtel, et pas dans le village. "Mais le village, c’est l’hôtel, répond patiemment le réceptionniste. Il n’y a pas de résidants." L’endroit est pourtant moins inquiétant qu’il n’y paraît. Si vous décidez de dormir sur place - une très bonne idée, car la nuit transforme le village -, essayez d’arriver après 17 h 30, quand les visiteurs d’un jour sont partis. Vous aurez ainsi quelques heures pour savourer la folle exubérance de l’endroit et un vague sentiment, étrange et assez ridicule, d’appartenance. Les rares autres flâneurs que j’ai rencontrés dans la soirée pendant mon séjour ont mis de côté leur réserve britannique habituelle et m’ont salué chaleureusement, comme pour dire : "Alors, vous aussi, vous l’avez découvert ! Bienvenue au club !" Portmeirion est un lieu très amusant, du moment que vous n’êtes pas puriste. L’atmosphère est d’inspiration italienne - tonalités méditerranéennes, toits de tuile, volets aux fenêtres, magnifique campanile - mais on trouve également quelques ornements hollandais, jacobins [de l’époque de Jacques Ier, 1603-1625], géorgiens [style anglais d’inspiration classique, du temps des rois George, de George Ier à George IV, de 1714 à 1830], et une architecture populaire locale. Sir Clough, qui aimait les jeux visuels, soutenait que le "contraste piquant" entre plusieurs styles architecturaux est précisément ce qui "met en valeur l’intérêt de chacun".
Néanmoins, certains visiteurs restent insensibles. Alors que je m’attardais dans le Gothic Pavilion, au milieu des pinacles et des murs rose bonbon, j’ai entendu un gentleman s’exclamer d’un air dégoûté mais très aristocratique : "Je ne sais pas d’où ça sort, mais ça aurait dû y rester." "Certains disent qu’ils ne trouvent ici rien de plus que dans leur propre jardin", raconte Robin Llywelyn, petit-fils de sir Clough. "D’autres se plaignent en qualifiant le village d’arnaque et de centre commercial. Dans ces cas-là, nous les remboursons." Le village compte huit boutiques, dont la poterie ouverte en 1960 par la mère de Robin Llywelyn, qui va encore régulièrement faire de la plongée aux Maldives pour y trouver des idées de design en observant les fonds marins.
Et puis il y a la plage, qui donne au village une dimension complètement nouvelle et secrète. Le sable de l’estuaire est parfait pour le char à voile ou pour jouer au ballon. Une multitude de promenades sont possibles dans les bois environnants, où, grâce à la situation protégée de la péninsule, réchauffée par le Gulf Stream, on peut voir en quantité des bambous, des cèdres, des eucalyptus, de la rhubarbe et, selon la saison, des hortensias, des azalées et des rhododendrons en fleur. C’est un endroit formidable pour se reposer - Brian Epstein, le manager des Beatles, avait loué Gate House pour l’été dans les années 60 - ou être inspiré - Noël Coward a écrit Blithe Spirit pendant un séjour de cinq jours à The Fountain en 1941. La plupart du temps, je me contentais de lire au soleil ou je prenais un café sur la piazza en admirant des scènes toujours changeantes : les reflets du soleil sur les danseurs dorés en équilibre sur leur colonne, les demoiselles rêvant d’être Juliette sur le balcon de la Gloriette. Chaque soir, avant le dîner, je marchais jusqu’au phare - une autre extravagance architecturale - pour regarder le coucher du soleil, puis m’introduisais furtivement dans la tour pour tapoter les parois de tôle et écouter l’écho.
Quant à la signification de tout cela, on peut s’en remettre à sir Clough, qui affirma un jour, paraphrasant la danseuse Anna Pavlova : "Si tout ce que j’ai conçu et construit n’a pu révéler qui je suis, mes mots en seraient encore moins capables." Helen Pickles
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