Articles les plus visités
|
Banlieues : Les cahiers de doléances d’ AC-LEFEUEnsemble et Unis
Source : collectif AC-LEFEU Le 14 octobre 2006 Notre collectif AC-LEFEU (Association Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble, Unis) a vu le jour au lendemain des révoltes sociales qui ont secoué le pays au mois de Novembre 2005, suite à la mort de deux de nos enfants, Bouna et Zyed, à Clichy sous bois. Pour que l’on puisse dire qu’ils ne sont pas morts pour rien, nous nous sommes fixés pour mission d’aller à la rencontre de la population dans toute sa diversité et de faire remplir aux gens des cahiers de doléances. Il s’agissait d’établir un rapport sous forme d’état des lieux et de propositions, que nous vous remettons aujourd’hui. A l’instar des sans culottes de la révolution française de 1789, notre démarche vise à faire remonter l’expression populaire auprès des édiles de la nation. L’histoire semble se répéter ; aujourd’hui comme hier, la notion centrale de la Révolution, est clairement perceptible dans ces cahiers : l’Égalité. La synthèsePréambule Force est de constater que les semblants de tentatives successives de réduction des inégalités des différents gouvernements ont échoué, se heurtant tous au mur des privilèges. Comme par le passé, les crises se conjuguent : agricole, industrielle, commerciale, sociale... Elles ne font qu’accentuer l’inégalité entre les quelques privilégiés et les autres. Tandis que les riches peuvent se permettre de spéculer et de s’enrichir encore, un nombre croissant de personnes défavorisées n’a plus que le recours aux œuvres caritatives pour subsister. Il nous a donc semblé indispensable d’agir pour le cessez le feu, attendu que les meilleures armes pour se faire entendre restent encore la participation citoyenne à notre démocratie, et que le débat qui devrait nourrir le choix lors du scrutin, reste circonscrit à une partie de la société, celle qui s’en sort. Tous les citoyens devaient vraiment pouvoir prendre la parole et exprimer leurs besoins, leurs propositions, leurs espoirs. Nous avons sillonné le pays à bord de 2 bus affrétés pour l’occasion, posé nos tréteaux dans 120 villes de France et recueillies ainsi plus de 20 000 constats, doléances et plus encore de propositions. Les libres contributions ont porté sur le logement et le cadre de vie, l’emploi et la précarité, l’éducation et la petite enfance, la justice et les pratiques policières, la citoyenneté, le vote des immigrés et la politique, la situation des femmes, les questions intergénérationnelles et la communication, l’insécurité et l’environnement, la répartition des richesses et les inégalités, la santé et le handicape, les discriminations et l’exclusion, le transport et l’isolement, la culture, les religions, les loisirs. Nous nous sommes ensuite attachés à adopter une méthodologie permettant de traiter quantitativement et qualitativement, l’ensemble des témoignages collectés. Celle-ci met en exergue le nombre, l’âge, le lieu de résidence et les thèmes dominants. Dans cette synthèse, les thèmes seront abordés dans l’ordre des priorités telles qu’elles ont été exprimées. A ce jour, nous avons analysé près de 13 000 de ces contributions - le plus grand sondage qualitatif jamais réalisé ! - en tête desquelles arrivent dans l’ordre les revendications sur l’emploi, l’arrêt des discriminations et de l’exclusion, le logement, une justice équitable et le contrôle des pratiques policières, l’éducation et l’orientation. Loin de se désintéresser de la politique, nombre de ces personnes parmi lesquelles, une majorité âgée de 18 à 25 ans, ont exprimé l’exigence de voir les partis et leurs élus, être plus proches des habitants et des réalités. Depuis plusieurs années, tous les partis multiplient les forums, états généraux etc. ... Mais toute cette bonne volonté ne semble pas avoir convaincu les classes populaires. L’abstention aux récentes élections ainsi que nos cahiers de doléances en sont la preuve. Nous espérons que ceux qui briguent à présider aux destinées de la France sauront tirer parti de ce que nous leur offrons ici, pour construire avec les habitants, en respectant leurs propositions, une politique juste et courageuse qui s’attaquerait en priorités aux causes de la précarité et de l’exclusion. De notre coté, nous avons fidèlement synthétisé les priorités, constats et propositions des cahiers de doléances. Dans les mois qui viennent, nous serons vigilants quant à l’usage que vous ferez de ces propositions populaires. Nous entendons peser de tout notre poids pour que les exclus s’inscrivent massivement sur les listes électorales et choisissent leur candidat en fonction de sa capacité à construire une politique en concertation avec les citoyens. 1. EmploiDans notre société, qui n’a pas d’emploi est considéré comme pire que rien, comme un parasite vivant de l’aide sociale et de la solidarité nationale. Les cahiers de doléance sont remplis d’appels à l’aide déchirants, de milliers de personnes qui ne veulent que travailler. Mais l’on ne travaille pas à n’importe quel prix. Les qualifications doivent être reconnues, les salaires doivent être motivants, et surtout, surtout, l’emploi doit permettre de sortir de la précarité. Les gens ont besoin de se projeter, de s’installer, dans tous les sens du terme, dans la vie. Il faut donc des CDI, ceci revient dans presque chaque cahier de doléances. Leur lecture montre que la précarité à laquelle sont réduits beaucoup de travailleurs est d’autant plus insupportable que de nombreuses entreprises réalisent des bénéfices record. Les jeunes dénoncent le système pervers qui consiste à leur demander de l’expérience qu’on ne leur donne jamais l’occasion d’acquérir ; les discriminations raciales, d’autant plus que les personnes concernées ont poussé leurs études ; l’inadéquation de nombreux diplômes au marché du travail ; la difficulté à trouver des stages, qui trop souvent sont non rémunérés ou presque, alors qu’un travail est fourni, ou bien parfaitement inutiles ... Après la mobilisation contre le CPE, que nombre d’entre eux évoquent, ils insistent sur le besoin de contrats stables. Le leitmotiv, c’est le sentiment que la France ne laisse pas sa chance à sa jeunesse. L’emploi, la principale préoccupation exprimée dans 2586 contributions La faiblesse des salaires, au regard notamment du prix des logements est souvent dénoncée, ainsi que le manque cruel d’emploi faiblement qualifié pour tous ceux qui n’ont pas réussi leurs études. À ce niveau de qualification, la faible différence de revenu entre le SMIC et le RMI est dénoncée comme très démotivante. Ceux qui ont du travail dénoncent les licenciements abusifs, la faiblesse du salarié face au patron, en terme de droit du travail, et tout le monde est choqué par les délocalisations. Les principales propositions des cahiers de doléances.
2. Discriminations racistesTrop, trop, trop de discriminations racistes ! Les cahiers de doléances sont dramatiquement clairs sur cette question : plus de la moitié des cahiers l’évoquent, et une partie substantielle des personnes qui les dénoncent, le font manifestement par solidarité, en parlant de l’expérience vécue par des amis par exemple. La discrimination n’est pas la seule affaire des noirs et des arabes, au contraire, une prise de conscience généralisée s’est faite, dans la jeunesse, mais aussi bien au-delà. Ceux qui évoquent la discrimination qu’ils ont eux-mêmes subie décrivent un véritable enfermement dans la précarité, en matière d’emploi ou de logement, une discrimination quotidienne et permanente, qui brise, pour ceux qui ont de 15 à 35 ans, tout espoir de s’en sortir, malgré les efforts et les diplômes universitaires. Une illustration de la déclinaison territoriale de la discrimination raciste.De nombreuses personnes rapportent leurs expériences vexatoires, en matière d’emploi (recruteurs qui ne rappellent même pas pour dire qui le poste ne sera pas donné, sentiment pour les hauts diplômés d’être mis à l’écart et bloqués dans leur progression ... D’autres évoquent l’impossibilité de s’émanciper de ses parents qui en découle, soit en ne trouvant pas de travail soit en n’ayant pas accès au logement ni public ni privé (pour les célibataires). Les discriminations sont également dénoncées dans les cahiers lorsqu’elles frappent dans le domaine des loisirs. Au final, les cahiers de doléances dessinent l’image d’une France complètement gangrenée par ces discriminations. C’est certainement pour la jeunesse le premier enjeu politique dans la période électorale qui s’ouvre. La discrimination : Nombre de doléances qui évoquent les discriminations par classes d’âges. Un phénomène principalement dénoncé par les jeunes âgés de 18 à 25 ans. La discrimination positive et le CV anonymes ont suscité des avis partagés : la plupart les dénoncent, mais certains les proposent, en désespoir de cause, comme ultime moyen d’accéder à l’emploi. Les principales propositions des cahiers de doléances.
3. Logement & cadre de vieCe n’est pas une surprise, les problèmes de logement font partie de ceux les plus souvent évoqués, qu’il s’agisse de la difficulté à trouver un logement, de l’état de délabrement des logements sociaux et de certaines copropriétés (insalubrité), y compris les parties communes (ascenseurs dangereux), et les espaces extérieurs, de l’inadaptation des logements, ou du problème général du coût prohibitif des logements, de la lourdeur des charges, ou encore de tout cela à la fois. Mais les doléances évoquent aussi avec insistance le manque de mixité sociale et raciale des grands ensembles, le non-respect de la loi SRU (« Solidarité et Renouvellement Urbain » : les 20% de logements sociaux par commune), le calcul de l’APL hors charges, et sur des salaires touchés plus d’un an auparavant, le problème spécifique du logement des jeunes et des étudiants, avec en particulier des chambres de cité universitaire minuscules et dans un état déplorables, le logement des immigrés récents, clandestins ou non, par des marchands de sommeil ... Le logement des jeunes est un problème qui revient avec insistance dans les cahiers : ceux-ci ne réussissent pas, même après 25 ans, à partir de chez leurs parents. Environnement Lorsque les cahiers évoquent la question de l’environnement c’est pour faire allusion aux dangers multiples et angoissants qui menacent notre planète. Le réchauffement climatique, la pénurie, le partage et la qualité de l’eau, la pollution ... Les personnes sont plus directement préoccupées par les problèmes de nuisances sonores, de sécurité alimentaire, la qualité de l’air en zone urbaine. Propositions :
Les principales propositions des cahiers de doléances.
4. JusticeEn ce domaine, il faut que la France et ses élites se rendent compte du niveau de crise atteint. Les cahiers de doléances sont l’expression d’une criante et désespérée demande de justice. Prisons Les cahiers de doléances font état des conditions honteuses de détention dans les prisons françaises, ce qui est de notoriété publique depuis de nombreuses années sans que l’on ne fasse rien, notamment à cause de la surpopulation carcérale. Les détenus, quoi qu’ils aient fait, sont des humains, et si la présomption d’innocence s’applique à tous, alors comment accepter que la majorité des détenus soient en préventive, dans de telles conditions de surcroît. Les doléances pointent également l’abandon de facto des politiques de formation et de préparation à la réinsertion, l’essentiel des programmes ayant été fermés. Enfin, et surtout, les cahiers insistent sur la primauté de la prévention sur la répression en matière de délinquance, en particulier pour les mineurs, et sur les facteurs économiques et sociaux. Voir les thèmes inégalités, logement, emploi, éducation, police. Propositions :
Les principales propositions des cahiers de doléances.
5. Pratiques PolicièresInsécurité Les cahiers de doléances parlent très peu de l’insécurité, contrairement à ce que les médias nous rapportent quotidiennement. Les Classes populaires, qui subissent le plus l’insécurité n’en font pourtant pas une priorité, au regard des questions cruciales pour leur avenir comme l’emploi, l’éducation, les discriminations ... L’insécurité au quotidien, telle que nous la raconte les cahiers, ce sont avant tout des gamins turbulents, capables de vandalisme qui s’ajoute aux difficultés du quotidien (bris de vitre des voitures pour voler une bricole, abribus ...), violents dans leurs rapports entre eux et aux autres, certainement très malappris et insolents, mais pas la « racaille extrêmement violente et sauvage » dont ont peur ceux qui ne la voient qu’au travers des médias. Contrairement au discours officiel, les personnes qui ont rempli les cahiers fustigent la tranquillité dans laquelle les trafiquants en tout genre « exercent leur métier », au vu et su de tous, et de la police. S’attaquer aux trafics sans soupçonner l’ensemble de la population d’un quartier, c’est bien à cela que doit servir un travail d’enquête sérieux. Propositions :
Les principales propositions des cahiers de doléances.
6. Éducation & CultureL’école n’est pas le seul lieu d’acquisition du savoir. Les territoires ne sont pas égaux en matière d’équipements culturels : l’accès au théâtre, au cinéma d’art et d’essai, aux bibliothèques et médiathèques, aux musées est bien plus facile dans les quartiers aisés que dans les quartiers populaires. Propositions :
Les principales propositions des cahiers de doléances.
Concernant la petite enfance, c’est bien sûr la difficulté à trouver une place en crèche, et parfois son coût qui sont dénoncées dans les cahiers de doléance. Propositions :
7. ReligionL’islam est sali par les médias, des personnalités « intellectuelles » ou politiques. Dans les cahiers de doléance, ceux qui s’expriment sur la religion parlent de l’islam. Si certains regrettent la loi d’interdiction du voile à l’école, l’essentiel des cahiers sur ce sujet évoquent l’inégalité que subit l’islam en France (concernant les lieux de culte, les cimetières ...), les effets secondaires de la loi sur le voile en terme de regard social, de discrimination dans le monde de l’entreprise ou à l’embauche, et surtout, l’amalgame permanent entre islam et islamisme, islam et terrorisme, et l’idée sous-jacente que les musulmans ne seraient pas loyaux à la France et à la République. Beaucoup font le constat du nombre insuffisant de mosquées et par conséquent, du développement anarchique de salles de prière dans des lieux inadaptés, ce qui pourrait laisser le champ libre aux mouvements les plus radicaux. Il en est de même de l’absence de cursus de formation des imams en France. Si une partie des doléances regrette la place « marginale » des religions dans la société, une autre estime à l’inverse que la religion devrait rester strictement confinée au domaine privé. Les principales propositions des cahiers de doléances.
8. Répartition des richessesLes personnes qui ont rempli les cahiers de doléances sont nombreuses à évoquer un sentiment d’injustice né du constat que les riches s’enrichissent et que les pauvres s’appauvrissent. Au-delà de l’exclusion qui frappe une grande partie de la population, c’est pour ceux qui semblent appartenir à la classe moyenne, la crainte de la paupérisation et du déclassement social, qui s’exprime fortement. En outre, on peut noter, en particulier pour les moins de 18 ans, que la société de consommation telle que présentée par les médias, a induit une représentation déformée de la société française et notamment une surévaluation du pouvoir d’achat moyen. Le rôle des médias dans cette course aux signes extérieurs de richesse nous semble déterminant. Les doléances soulèvent souvent le sentiment d’être exclu du partage des fruits de la croissance. Les bénéfices colossaux, les taux de retour sur investissement plus haut que jamais, les réalisations de stock options pour des sommes qui dépassent l’imagination accréditent l’idée que ça ne va pas mal pour tout le monde, d’autant plus que les pouvoirs publics se préoccupent manifestement plus d’abaisser les prélèvements fiscaux (élévation des plafonds de l’ISF) de ces quelques privilégiés, que de lutter contre la pauvreté. En outre, de nombreuses personnes dénoncent l’inflation massive depuis le passage à l’Euro et par conséquent une baisse substantielle du pouvoir d’achat. Les principales propositions des cahiers de doléances.
9. Citoyenneté & PolitiqueUn très fort désir d’implication citoyenne apparaît dans les cahiers de doléances. Mais la politique traditionnelle est très décriée : « On n’y comprend rien ! » est la ritournelle, à laquelle on ajoute le manque de respect des engagements pris, le manque de proximité et d’écoute, de consultation et de prise en compte des citoyens et de leurs besoins. Le sentiment que la « classe politique » est une caste privilégiée (économiquement et au plan judiciaire) revient régulièrement. Une large part des classes populaires ne se sent pas représentée. L’âge avancé des hommes politiques est évoqué comme principale source du gouffre. Néanmoins, le manque de métissage des responsables politiques est pointé lorsque le problème de la discrimination est évoqué. C’est parfois la trop grande professionnalisation de la politique qui est dénoncée et l’on propose de supprimer l’ENA. Dans le même objectif, il y a de nombreux appels à l’interdiction du cumul des mandats, pour laisser de la place aux « nouveaux français », et pour une réforme des institutions, parfois pour une sixième république. La démocratie participative et locale est plébiscitée, les personnes qui se sont exprimées souhaitent des cadres de débats. Elles dénoncent le manque d’information et de formation aux questions politiques, comme la laïcité ou les questions économiques et sociales. Concernant les étrangers, les cahiers appellent au droit de vote des immigrés, ainsi qu’à une politique de régularisation des sans-papiers. Concernant les médias, de nombreuses personnes dénoncent leur manque d’indépendance politique et économique. Les principales propositions des cahiers de doléances.
10. SantéLes cahiers de doléances évoquent en particulier le coût des soins, notamment les médicaments non remboursés. Concernant la CMU, les cahiers de doléances dénoncent le plafond d’attribution trop bas : de nombreuses personnes n’y ont pas droit mais n’ont pas les moyens pour une complémentaire santé, ce qui rend l’accès à de nombreux soins difficile (optique, orthodontie, spécialistes...). Les discriminations commises par de nombreux médecins libéraux qui refusent les patients bénéficiant de la CMU ou de l’AME sont pointées du doigt, ainsi que les fermetures de dispensaires et de petites unités hospitalières. Les jeunes filles expriment le besoin d’un accès facilité à des consultations gynécologiques dans un cadre accueillant et rassurant, permettant un suivi dans la durée, et à des coûts raisonnables. Elles n’ont pas toutes la chance de pouvoir obtenir de l’aide et du soutien de la part de leur mère, en matière de prévention, de contraception, ou dans les moments difficiles. La faiblesse des moyens et l’inefficacité de la médecine de prévention scolaire est également pointé du doigt. Le problème le plus souvent évoqué concerne la santé au travail. Les conditions de travail des classes populaires sont encore souvent très violentes pour le corps et le psychisme (pression à la productivité, harcèlements), entraînant de nombreuses maladies professionnelles non reconnues, du stress... Il est extrêmement difficile de faire reconnaître les handicaps liés au travail, en particulier pour tous ceux qui sont mal armés face aux démarches complexes et aux multiples embûches de l’administration. Les personnes victimes d’accidents du travail ont également du mal à être reconnues ; Elles sont mal protégées face aux difficultés économiques qui découlent de leur accident. Un certain nombre de personnes évoquent le problème de la maladie mentale d’un de leur proche. Ils reprochent le manque d’accompagnement et de solutions de prise en charge, et l’incarcération de nombreux malades mentaux. Les plus fragiles parmi les personnes qui ont remplis les cahiers de doléances évoquent la question des insuffisances de la prévention épidémique et toxicologique, en terme de moyens et d’information. Les personnes confrontées à la misère évoquent le problème de la malnutrition. Les cahiers de doléances s’insurgent enfin contre le pouvoir et les bénéfices des grands laboratoires pharmaceutiques, notamment quant à leur rôle néfaste en matière de lutte contre les maladies qui frappent les populations non solvables, en France et à l’étranger. Les principales propositions des cahiers de doléances.
11. Les femmesLes contributions sur la situation des femmes soulignent trois grands thèmes : 1. L’égalité hommes / femmes dans le monde du travail en matière de rémunération et de promotion ; la précarité subie en terme de temps partiel et la discrimination à l’embauche liée à la « menace » de grossesse. 2. Les jeunes filles expriment très fortement l’exigence du respect auquel elles ont droit quelque soit leur tenue vestimentaire, leur choix de vie, leur orientation personnelle (qu’il s’agisse du droit d’avoir une vie sentimentale et sexuelle libre ou d’adhérer à un modèle religieux ou traditionnel quel qu’il soit) et professionnelle. 3. La protection des femmes contre les violences et l’exploitation. Il faut offrir un cadre de protection (éloignement et logement, insertion économique, aide linguistique si nécessaire, aide psychologique et éducative) pour les femmes victimes de mariage forcé ou pour celles qui souhaitent sortir de la polygamie, celles qui sont victimes de sexisme, coups, violences conjugales, asservissement, agression sexuelle et viol, et pour les femmes étrangères victimes des réseaux de traite des êtres humains (esclavagisme moderne ou prostitution). Les familles monoparentales dans les quartiers populaires (essentiellement des femmes seules avec enfants) sont littéralement abandonnées à leur sort. Les principales propositions des cahiers de doléances.
EPILOGUEVous venez de prendre connaissance de l’essentiel des éléments recueillis durant les rencontres citoyennes que notre collectif ACLEFEU a réalisé suite aux « révoltes sociales » de l’automne 2005. La volonté de vivre dignement conformément à la devise de la République - Liberté, Egalité, Fraternité - est sans conteste la priorité de ceux qui se sont exprimés à travers les cahiers de doléances, sur tout le territoire. A la lecture de ce document, il est indéniable que toutes les personnes rencontrées expriment un profond « mal être » qui résulte notamment de l’absence d’écoute des attentes des habitants. C’est pourquoi il est extrêmement important que dès à présent, vous entrepreniez la démarche de redresser la France. Les gens souffrent non pas d’une difficulté unique, mais de plusieurs, qui anéantissent leur moral. L’accumulation de ces difficultés et l’absence de perspectives meilleures les démotivent. Le travail effectué est représentatif de la diversité des citoyens, quelque soit leur âge, origine, profession, conviction personnelle, religieuse ou politique, leur lieu de résidence. Les cahiers de doléances rassemblent la parole de toutes celles et ceux qui ont souhaité exprimer leurs exigences et leurs besoins, à destination de la classe politique, qui préside au bon fonctionnement et à l’application des valeurs de la République. Ce recueil de témoignages révèle une accumulation de négligences ou de carences. Néanmoins, les doléants veulent croire encore en la République et dans ses valeurs. Les Français sont solidaires les uns des autres et souhaitent participer « ensemble et unis » à une transformation positive de la société. Ils entendent désormais utiliser leur droit de vote, examiner la concordance entre vos programmes et leurs attentes, puis l’efficacité de votre action. Décidés à devenir les acteurs de ce changement, ils attendent de vous que vous meniez les actions nécessaires à l’amélioration de leurs vies au quotidien, que vous les écoutiez, que vous les impliquiez. A vous de transcrire ces propositions en actions concrètes en proposant les moyens de les rendre réalisables. Ils sont convaincus de l’intérêt que vous porterez à leur parole, et que votre action tiendra compte de leurs propositions même si elles ne sont pas formatées dans le langage précis des spécialistes. Certaines peuvent paraître naïves de prime abord, mais elles expriment les besoins et les espoirs des petites gens. C’est au nom de toutes les personnes qui se sont exprimées et de toutes celles qui croient en un avenir meilleur que le collectif ACLEFEU vous transmet modestement ce document. Les électeurs et les autres sont impatients d’en voir les résultats. Pour notre part, dès demain, nous lancerons une grande campagne d’inscription sur les listes électorales. Mais l’histoire des cahiers de doléances ne s’arrêtera pas là. Dans les mois qui viennent, nous saurons vous rappeler les revendications et les espoirs qu’ils portent. Nous approfondirons l’analyse par régions, classes d’âges, par genre... Fait à Clichy-sous-Bois le 22 octobre 2006 par le collectif ACLEFEU. Sur le même sujet :
|