Promise par Nicolas Sarkozy, la revalorisation du minimum vieillesse de 25% d’ici à 2012 ne concernera… que les veufs et les célibataires.
Le minimum vieillesse (ou ASPA : Allocation de Solidarité aux Personnes Agées), versé à quelque 600.000 pauvres de plus de 65 ans, est misérable. Censé offrir une garantie de revenu aux retraités ayant trop peu ou pas cotisé pour percevoir une pension suffisante, il est attribué sous conditions de ressources et plafonné à 613,13 € par mois pour les personnes seules, 1.135,78 € pour les couples.
Le gouvernement, qui y va par petites touches, s’apprête à l’augmenter de 6,9% en avril prochain. Mais quand bien même serait-il revalorisé immédiatement de 25% que ce « minimum » resterait encore largement en dessous du seuil de pauvreté ! La promesse présidentielle, faussement généreuse, doit coûter au final 2,5 milliards d’euros aux régimes de retraite. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) avait alors averti Nicolas Sarkozy : une brusque hausse de l’ASPA réduirait l’écart avec les salariés ayant effectué une carrière complète au Smic (!), or cet écart « doit rester significatif si l’on souhaite continuer de valoriser le travail » (!!!), avait-il préconisé.
Passé inaperçu à cause de la polémique sur l’amendement qui autorise les salariés à travailler jusqu’à 70 ans, un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2009), voté le 4 novembre par les députés de droite, prévoit d’exclure les couples de cette revalorisation : ainsi ne bénéficieront-ils que des hausses règlementaires liées à l’inflation. Une disposition validée par la commission des Affaires sociales du Sénat.
« L’effort consenti concerne effectivement les personnes seules, considérées comme les plus fragiles. Nous souhaitons cibler les plus modestes », a justifié le ministre du Travail Xavier Bertrand devant les députés. « C’est une drôle de proposition que vous faites en réservant l’augmentation aux personnes isolées. Il vaut mieux divorcer pour percevoir deux minimum vieillesse que de rester en couple ! » a derechef ironisé l’excellente Martine Billard (Verts). Et d’ajouter, indignée : « Jamais, depuis la Libération, la France n’avait augmenté différemment une allocation pour les couples et les personnes seules. »
105.000 vieux mariés, pacsés ou concubins sont donc visés, leur moindre « fragilité » permettant au gouvernement de rogner 340 millions sur les 2,45 milliards prévus. Que voulez-vous, en temps de crise, il n’y a pas de petites économies !