Retour sur le déplacement du président à Vienne (Isère), le 13 mai dernier, emblématique d’une certaine dérive de la France sarkoziste vers un État policier : la petite ville semblait en état de siège, investie par un bon millier de membres des forces de l’ordre, soit environ un flic pour trente habitants ! Des snipers étaient même postés sur les toits... Surtout, le comportement des policiers fut inacceptable, comme le raconte LibéLyon :
"La scène se déroule dans le centre-ville de Vienne (Isère), mardi en fin de matinée, une heure et demie avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy. (...) Des militants veulent manifester aux abords. Certains du PS, d’autres du PCF, d’autres encore de la LCR. Ils sont environ 150 à 200, selon un journaliste présent. Mais il y a également énormément de policiers en civil, sur la place et dans toutes les rues avoisinantes.
Normal pour une visite présidentielle. Sauf que le journaliste présent constate que les policiers sont en train de contrôler et fouiller les militants, et surtout de saisir tous leurs tracts, leurs autocollants, et même leurs journaux. Celui-ci a Rouge dans son sac ? Saisi. Celui-là l’Huma à la main ? Saisi également. Quelques jeunes gens de la LCR refusent de remettre leurs tracts, ils sont alors menottés et embarqués.
" Rappelons l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit."
Au nom de ce droit de répandre les informations et les idées, la confiscation des tracts, autocollants et journaux est illégale. Dès lors, menotter et embarquer au commissariat ceux qui l’ont refusée constitue autant d’arrestations arbitraires.
De nombreux témoignages attestent en outre que les militants connus des services (si les RG ont changé de nom, ils font toujours le même travail !), notamment ceux de la CGT, ont été refoulés pour les empêcher de manifester. Là où Sarkozy passe, la liberté d’expression trépasse... On se consolera en observant que, malgré toutes ces précautions, le président a quand même été hué.