Avril-Mai 2001
Les gouvernements passent, le système politique reste : inerte, incapable de se réformer, toujours plus distant des citoyens. L’absence de participation augmente inexorablement au fil des scrutins. Décalée, immobile, presque anachronique, notre technostructure politique se cramponne à ce qui lui reste : " sa " Vème République, une monarchie de fait qui enferme nos dirigeants dans l’irresponsabilité d’un système décisionnel à bout de souffle.
Cédant au découragement, ou à l’exaspération, les citoyens se réfugient dans la grève du vote. Les alternances successives confirment l’impossible contrôle des décisions financières de l’Etat, l’échec de la réforme de la justice, qui rend pourtant ses décisions au nom du peuple français, l’échec des innombrables tentatives de réforme de l’Etat, l’impossible transformation des collectivités locales, utilisées en apanages féodaux, ou la perpétuation du domaine prétendument réservé en matières diplomatique et militaire. Sans parler du projet de limitation du cumul des mandats que les électeurs commencent à imposer par eux-mêmes.
Devrons-nous de surcroît nous résigner à assister à un combat présidentiel qui portera une fois de plus, quelle qu’en soit l’issue, à la tête de l’Etat un intouchable politique et judiciaire ? Non, certainement pas.
Nous exigeons davantage de démocratie dans une République qui n’en porte pas seulement le nom. Il faut enfin bâtir un véritable pouvoir parlementaire, disposant de moyens de contrôle et de pouvoir de sanction du gouvernement et de l’administration. Nous voulons des élus qui se consacrent pleinement à leur seul mandat et qui rendent compte des décisions qu’ils prennent. Nous appelons à une justice disposant des moyens de son indépendance, y compris lorsqu’il s’agit de juger des rapports entre l’Etat et les citoyens. Nous voulons enfin reconnaître la possibilité pour les citoyens de provoquer des référendums, et exigeons une décentralisation sous leur contrôle et à leur service. Nous ne demandons là que des réformes qui concrétisent enfin l’idéal républicain de démocratie et d’état de droit.
Telle est la raison de cet appel à la rupture. Nous appelons les citoyennes et les citoyens à exiger de leurs dirigeants sans délai un débat national sur l’exercice du pouvoir et de tous les pouvoirs : gouvernemental, présidentiel, parlementaire, administratif, judiciaire et décentralisé. Il est temps que soient enfin engagées, notamment par la voie du référendum, les réformes profondes qui donneront à notre pays cette démocratie achevée dont ce pays a tant envie et tant besoin.
La Convention pour la 6ème République n’est pas un parti politique. Elle est un rassemblement de citoyens qui refusent la fatalité du désamour de la République et veulent exercer avec force et passion leur souveraineté.
Sur le même sujet :