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République centrafricaine : crise silencieuseSource : Médecins Sans Frontières 8 janvier 2018 Depuis plusieurs années, la République centrafricaine (RCA), un pays déjà exsangue, traverse une crise politique majeure, dont les conséquences en termes de déplacements et de violence sont considérables pour la population. Médecins Sans Frontières travaille dans le pays depuis 1997. Depuis plusieurs années, nous n’avons eu de cesse d’alerter sur les conséquences de l’indifférence dans laquelle la situation humanitaire se dégrade rapidement dans ce pays, via nos rapports : "République centrafricaine : une crise silencieuse" (décembre 2011) ; "République Centrafricaine : Un an de violence continue à l’encontre des civils" (mars 2014) et "Réfugiés centrafricains au Tchad et au Cameroun : "la valise et le cercueil" (juillet 2014). En réponse à la crise de décembre 2013 qui a escaladé en un conflit d’une extrême violence, MSF a doublé son assistance médicale en RCA et ouvert des projets supplémentaires pour les réfugiés centrafricains dans les pays voisins, afin de répondre aux besoins générés par cette crise. Aujourd’hui, MSF gère dix-sept projets répartis sur l’ensemble du pays. A cela s’ajoutent les projets d’aide aux réfugiés centrafricains au Cameroun, au Tchad et en République démocratique du Congo. Plus de 2 400 collaborateurs nationaux y travaillent aux côtés de 230 expatriés. Le pays fait encore face à une situation d’urgence sanitaire chronique. La crise politique et les violences ont aggravé la pénurie de services de santé et 72% des structures de santé ont été endommagées ou détruites par les violences et pillages. A l’heure actuelle, la grande majorité des structures de santé publique dépendent du soutien des organisations humanitaires et confessionnelles. Les besoins sanitaires sont immenses : le paludisme reste la principale cause de mortalité dans le pays notamment chez les enfants de moins de cinq ans, le taux de prévalence du VIH est très élevé et les besoins en santé mentale sont très importants, avec des populations traumatisées par les violences, atrocités, et insécurité permanentes subies depuis des années. Alors que les taux de couverture vaccinale en RCA étaient déjà en deçà des objectifs nationaux avant 2013, la crise a encore entrainé une réduction des activités de vaccination dans le pays (13% seulement des enfants de moins d’un an sont totalement couverts et protégés en termes de vaccination). En 2016, MSF a ainsi entrepris, en collaboration avec le ministère de la Santé, la campagne de vaccination préventive la plus importante dans l’histoire des interventions de l’association en RCA. La campagne, toujours en cours, vise à protéger les enfants de moins de cinq ans contre un certain nombre de maladies : la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole et certaines formes de pneumonie et de méningite, y compris dans les zones rurales difficiles d’accès. En septembre 2017, 600 000 personnes étaient encore déplacées en Centrafrique. A cela s’ajoutaient les 500 000 réfugiés centrafricains qui ont fui vers les pays limitrophes, principalement au Cameroun, au Tchad et en RDC. Bien qu’en 2015 la violence ait reculé à Bangui et dans certaines régions de la RCA, les groupes armés encore actifs et le grand banditisme rendent la situation sécuritaire très volatile. L’insécurité persistante dans de nombreuses zones du pays continue d’entraver la capacité de MSF à atteindre les personnes ayant besoin d’assistance. En 2014, 22 personnes dont trois employés MSF ont été tuées dans l’attaque de l’hôpital de Boguila. En mai et juin 2016, un chauffeur de MSF, et une autre personne faisant partie d’un convoi transportant du matériel MSF ont trouvé la mort lors de violents incidents. Depuis la fin de l’année 2016, les affrontements entre groupes armés et les exactions contre les civils prennent à nouveau une ampleur inédite depuis la période de violence extrême de 2013 et 2014. La majeure partie du pays est désormais replongée dans un conflit ouvert. Les villes de Bangassou, Bria, Alindao et Zemio où nos équipes sont ou étaient présentes, ont été le théâtre de combats, d’attaques contre les populations et de déplacements, engendrant des besoins humanitaires importants sur une situation sanitaire déjà extrêmement précaire. Il en est de même dans d’autres villes du pays où MSF n’est pas présente, notamment à Kaga Bandoro, Nzako, Bakouma, Koui.
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