5 octobre 2008
C’est en déménageant les caves d’un ancien local universitaire, situé au 18 bis rue de la Sorbonne, que nous avons sorti, d’un
vrac d’archives, un mince dossier à la couverture ocre sobrement intitulé : "les murs de la Sorbonne, relevé des inscriptions, mai-juin 68".
A l’intérieur, une centaine de feuilles volantes de pâles copies carbones sur papier pelure. Et sur chaque page, bruissante au toucher, une quinzaine de phrases, slogans familiers de ce printemps-là, multitude d’aphorismes énigmatiques, cris d’amour éphémères, citations en vrac, traits de génie ou mauvaises blagues, auxquelles correspondaient, dans la marge de gauche, une localisation plus ou moins précise .
Renseignements pris, c’etait l’oeuvre de quatre technicien(ne)s, Michel Askevis, Annie Dequeker, Michèle Pagès et Marie-Thérèse Singh et d’une secrétaire Dany Lauvergeon, tous employés à l’époque par un laboratoire de psychologie sociale au CNRS. Solidaires de l’agitation en cours, ils s’etaient coordonnés sans s’embarrasser de la tutelle d’aucun chercheur attitré, pour transcrire l’ensemble des graffiti fleurissant dans la "commune libre" de la Sorbonne.
Leur relevé méthodique, entamé dix jours aprés l’occupation des lieux- le lundi 13 mai -, se poursuivit bien après l’évacuation des derniers occupants par la police, le dimanche 16 juin.
Au passage, ils prirent aussi en compte les très nombreuses inscriptions de l’annexe Censier, dernier bastion du mouvement évacué par les forces de l’ordre.
Yves Pagès*
*Documents réunis et présentés par Yves Pagès dans le livre
"Sorbonne 68 graffiti" ,ed Verticales.
VF : Les extraits choisis de ce document sont ici reproduits à plusieurs mains.