[15/01/2015]
Après les condamnations des attaques sanglantes de la semaine dernière, des millions de personnes ont témoigné leur indignation et leur solidarité, signe d’un très fort attachement aux libertés fondamentales. Et pourtant, dans les jours qui ont suivi ces attaques, des dizaines d’actes violents et discriminatoires visant des personnes et des lieux de culte ont été signalés.
Amnesty International s’inquiète aujourd’hui de la recrudescence, dans le débat public, de propos remettant en cause les droits humains : propos haineux et stigmatisation de populations en raison de leurs origines ou religions, injonctions de réduire certaines libertés, appels à une surveillance de masse des communications…
L’Etat est le premier garant du respect des droits et des libertés.
Monsieur le Président,
Les attentats tragiques des 7 et 9 janvier dernier en région parisienne contre la rédaction de Charlie Hebdo, contre les forces de l’ordre et contre des personnes de confession juive m’ont profondément bouleversé-e.
Dans les jours qui ont suivi ces attaques, de multiples réactions remettant en question les principes fondamentaux de respect des droits humains ont été entendues : stigmatisation des personnes en raison de leurs origines ou religions, appels à une surveillance de masse des communications, stigmatisation des populations migrantes, multiplication des procédures judiciaires pour « apologie de terrorisme »...
Des incitations à la haine et de nombreux actes violents ont été rapportés visant des lieux de cultes et des personnes de confession musulmane.
Je tiens, en cette période de questionnement et de débat public, à réaffirmer mon attachement à la liberté d’expression, à la protection contre les discriminations et contre les crimes et discours de haine.
Les droits humains ne sont pas un frein à la sécurité mais contribuent à la solution.
Je vous demande instamment de
- mettre la promotion et le respect des libertés au cœur des décisions et des politiques du gouvernement.
- veiller à ce que toutes les mesures qui pourraient être prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme se fassent dans le respect des droits fondamentaux et des conventions internationales auxquelles la France est liée.
- combattre toutes les formes discriminations sur la base de l’appartenance religieuse, réelle ou supposée.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations respectueuses.