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Lancement du rapport mondial sur le développement humain 2003Deuxième session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine
Source : UNDP / Le 10 juillet 2003 Maputo, Mozambique Etat des lieuxComme l’explique clairement le nouveau Rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement, rapport dont nous célébrons officiellement la publication aujourd’hui, le monde et l’Afrique sont arrivés à un tournant décisif. Au plan mondial, nos moyens, notre savoir-faire et les succès enregistrés en matière de développement, en Afrique comme dans d’autres régions du monde, nous permettent de déclarer catégoriquement que si l’Afrique et le reste du monde en ont la volonté et décident aujourd’hui d’engager les ressources nécessaires, demain, c’est-à-dire en l’an 2015, nous aurons atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir réduire la pauvreté de moitié, éliminer la faim, scolariser chaque enfant, garçon ou fille, et endiguer la crise qui menace la santé et l’environnement. Le message de ce rapport, c’est que bien que la pauvreté n’ait plus rien d’inévitable, nous sommes confrontés à une crise du développement : plus d’un milliard de personnes (dont un tiers sur ce continent-ci) languissent dans une pauvreté absolue, la plupart d’entre elles n’ont ni assez à manger ni eau potable, elles sont assaillies de maladies comme le VIH/sida ou la tuberculose, elles n’ont accès ni à l’enseignement ni aux soins de santé et elles vivent dans un environnement qui, comme le montrent pratiquement tous les indicateurs, se dégrade rapidement. Nous ne pouvons accepter cet état de fait. Même si, à travers le monde, 54 pays au moins se sont appauvris dans les années 90, en grande partie pour des raisons de localisation, de structure économique ou d’autres handicaps largement ignorés qui les ont empêchés de surmonter les obstacles à leur développement, en même temps des centaines de millions de personnes échappaient enfin à la pauvreté dans d’autres pays. Mais, avertit le rapport, l’Afrique court sérieusement le risque d’être laissée en arrière.Près d’un jeune Africain sur six meurt avant son cinquième anniversaire - un chiffre inchangé depuis dix ans. Les inscriptions à l’école primaire restent sous le seuil des 60 % et pour d’autres indicateurs, les nouvelles sont tout aussi mauvaises. Si l’on ne modifie pas les tendances actuelles, l’objectif visant à réduire la pauvreté de moitié ne sera pas atteint avant 2147. Mais il est possible de changer ces tendances. Par exemple, plusieurs pays d’Afrique, dont l’île Maurice, la Tanzanie, les Seychelles et nos hôtes, le Mozambique, ont atteint des taux de croissance durables du PDB qui se rapprochent des 7 à 8% nécessaires pour atteindre les cibles ayant trait à la pauvreté. Le Swaziland et le Malawi ont tous deux vu leur population scolaire augmenter de 20 % au cours de la dernière décennie. Le Sénégal et l’Ouganda ont montré la voie en endiguant la propagation du VIH/sida. Le Mali a amélioré de 12 % l’accès à l’eau potable. Le Tchad a amélioré de 11 % l’accès à l’assainissement. L’Egypte, la Gambie, le Cap Vert et la Tunisie ont réduit d’un tiers ou plus leur taux de mortalité infantile. Alors comment faire en sorte que ces succès ne soient plus l’exception mais la règle ? Comment permettre à l’Afrique et à d’autres régions du monde en développement de rejoindre le cercle des nations prospères ? A travers ce rapport, le PNUD cherche à répondre à cette question. Il suggère que les formules récentes alliant la bonne gouvernance et la libéralisation des marchés sont nécessaires... mais insuffisantes. Pour la plupart des 60 nations que nous avons placées sur notre liste de " pays prioritaires " (et dont la moitié se trouve en Afrique), s’il y a eu absence de progrès, ce n’est pas par refus de mettre en place de bonnes institutions ou politiques ou de relancer la croissance. C’est parce qu’en plus de ces étapes nécessaires, il faut s’attaquer à des handicaps structurels plus profonds, comme l’isolement géographique, une économie non diversifiée dépendant de matières premières, des marchés trop petits et trop isolés, la guerre, l’exclusion des femmes ou une détérioration des terres arables de l’Afrique qui mine sa base agricole. Mais nous pouvons encore choisir de changer ce monde à deux vitesses.Comme le montre ce rapport à travers une analyse rigoureuse des tendances actuelles et une exploration détaillée des types de leviers politiques, économiques ou scientifiques qu’il est possible d’actionner pour favoriser le changement et accélérer les progrès, les Objectifs du Millénaire pour le Développement sont encore à notre portée au niveau mondial et, à condition de s’y mettre, ils sont toujours réalisables au niveau national dans pratiquement tous les pays. Mais pour la plupart des 60 nations que nous avons placées sur notre liste de " pays prioritaires ", s’il y a eu absence de progrès, ce n’est pas par refus de mettre en place de bonnes institutions ou politiques ou de relancer la croissance. C’est une question de handicaps, comme l’isolement géographique, la guerre, des marchés fermés, l’exclusion des femmes ou un environnement dégradé qui rétrécit le tissu économique. On trouvera un reflet sans équivoque de ce nouveau calendrier dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique - une initiative pionnière que le PNUD appuie vigoureusement dans des domaines allant des communications au Mécanisme africain d’examen par les pairs. On y retrouve aussi l’aveu que c’est aux pays en développement eux-mêmes que revient la responsabilité première de faire en sorte que cela se matérialise. Cela se reflète également de façon tangible dans le type d’engagement en faveur des réformes politiques ou du classement des besoins sociaux par ordre de priorité qu’incarnent notre hôte, le président Chissano, et son gouvernement. Comme le montre l’amélioration graduelle et soutenue de leur Index du développement humain depuis dix ans, ils sont en train de transformer un pays qui, il y a peu, était considéré comme l’un des plus pauvres de la planète en un modèle dynamique pour l’Afrique et le reste du monde. Cette approche est en train de gagner l’Afrique tout entière. Et voilà que les Objectifs du Millénaire pour le Développement ont la chance d’être sous-tendus par un phénomène où l’Afrique montre la voie : la tenue d’élections démocratiques crédibles dans un nombre croissant de pays. Ces millions d’individus qui ont obtenu le droit de vote sont les principales parties prenantes de ces Objectifs, car ils sont maintenant en mesure de demander aux gouvernements de leur rendre des comptes sur leur gestion des OMD. C’est ainsi que nous pourrons raviver le débat politique et faire obligation aux dirigeants de répondre de la réussite du développement. Mais ce pacte des OMD a une autre facette.Lors du Sommet du Millénaire, puis à Monterrey et enfin au Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, les pays donateurs se sont engagés à augmenter le volume d’investissement public aux pays en développement et à fournir ci d’autres types d’aide dès lors que ceux-ci rempliraient leur part du contrat. Car les sortes de barrières structurelles que décrit ce rapport sont dans nombre de cas bien trop enracinées pour que les pays en développement puissent les démanteler seuls. Comme l’Afrique l’a découvert au cours des années 90, quand l’aide au développement a diminué d’un tiers alors que les barrières commerciales restaient élevées et l’élargissement de la dette un mirage, réaliser les OMD sans que ce volet du contrat ne soit rempli reviendrait à tenter cet exploit avec une main liée derrière le dos. Certains pays donateurs font ce qu’il faut. L’Irlande - dont le premier ministre a accueilli mardi dernier le premier lancement de ce rapport avec la participation du président Chissano - a montré l’exemple en augmentant son aide étrangère de plus de 30 % par an tout en promettant semblables augmentations à l’avenir. Et cela en se concentrant clairement sur les pays les plus démunis, surtout en Afrique. C’est l’un des trois donateurs, avec la Belgique et la France, qui ont défini une date boutoir à laquelle ils rejoindraient le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, qui ont déjà atteint la cible de 0,7 % de leur PNB été acceptée internationalement pour l’Aide au développement. Mais même avec les nouvelles promesses des donateurs - qui devraient atteindre 16 milliards de dollars en 2006, dont près de la moitié ira à l’Afrique si (et c’est un grand si) ils honorent tous leur engagement - nous sommes encore loin du minimum de 50 milliards d’aide supplémentaire qui sera nécessaire pour réaliser les OMD. Et l’aide n’est pas la seule chose requise. Pour que les OMD deviennent réalité, il faudra faire de rapides progrès sur la question du commerce et de l’allégement de la dette, aider à abattre les barrières qui interdisent les riches marchés aux pays en développement et permettre à ceux-ci de consacrer une plus grande partie de leurs maigres ressources aux priorités du développement plutôt qu’à rembourser leurs créditeurs internationaux. . On n’a pas encore trouvé de solution satisfaisante au problème des dettes nées de collusions avec les dictateurs d’hier dans des pays comme la République démocratique du Congo, l’Ethiopie ou le Nigeria. Et il n’y aura pas non plus de justice économique si la moindre vache européenne se voit accorder une subvention équivalente à deux fois et demi le revenu de la moitié de vos populations. A quoi ça sert l’aide si ce que l’on donne, on le reprend sous forme de barrières commerciales ? Aux Etats-Unis, ces messieurs les producteurs de coton obtiennent des subventions trois fois plus élevées que la somme que leur pays consacre à l’aide à l’Afrique. La protection des marchés du coton aux Etats-Unis et au sein de l’Union européenne coûte environ 250 millions de dollars par an aux petits fermiers du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et du Togo. Si nous voulons atteindre ce but, voyons notre tâche collective comme une série d’étapes pour les mois et les années à venir : consacrer un nouveau cycle de négociations commerciales tel celui de Doha au développement, comme promis ; réussir les réunions de financement, comme celle de la semaine prochaine qui devrait renflouer le Fonds mondial pour le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose ; procéder au financement et à la mise en œuvre des plans du NEPAD pour l’infrastructure et l’intégration des marchés ; accélérer les progrès nationaux en matière de gouvernance, de gestion économique, de provisions pour la santé et l’éducation, d’inclusion des femmes et des filles, d’investissement dans le secteur agricole et de développement du secteur privé. Et nous avons besoin que les progrès tant dans les pays en développement que chez les donateurs soient notés et suivis par le biais de rapports nationaux et internationaux sur les OMD. Car la responsabilité de ce Pacte du Millénaire pour le développement nous incombe collectivement de même qu’il est collectivement en notre pouvoir de le réaliser. Il peut nous unir tous, riches et pauvres, Nord et Sud, nations industrialisées et pays en développement, non pas de façon purement rhétorique mais sur un plan extrêmement pratique où nous nous demanderons mutuellement des comptes pour les objectifs que nous partageons, et pour, tous ensemble, changer l’Afrique et le monde. Comment va l’Afrique, suite :
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