Articles les plus visités
|
Le bonheur, ah ! le bonheur...Source : Psychologie février 2001 Quand on pense qu’il y a tous ces « gagne-petit » du bonheur, qui se contentent d’être heureux ou de survivre au jour le jour ! Puis tous les faux malheureux qui tirent du plaisir à rester dans la plainte. Et tant d’autres encore, les ambitieux, les capitalistes ou les forcenés du bien-être, qui voudraient, eux, le bonheur en plus ! Quelle dérision, quelle déraison apparente ! Et pourtant, chacun dans sa croyance semble sincère. Chacun d’entre nous a une idée du bonheur au plus profond de lui, énoncée ouvertement ou cultivée plus secrètement. La recherche du bonheur est quasi universelle. Le bonheur tout court, avec des joies simples, des gestes justes, une sérénité évidente. Autour de la beauté de la vie, des émerveillements qui se bousculent, dans l’étonnement d’être. Le bonheur au quotidien, en cadeau dans son cristal de lumière, dans la bonté du soleil, dans la chaleur bienveillante d’un jour qui s’alanguit. Le bonheur en trop, dans la paix reçue ou offerte, dans la contemplation inespérée d’un paysage, d’une œuvre, dans les couleurs retrouvées, les vibrations d’une rencontre bien accordée. Le bonheur tout simplement, pétillant, ardent, inépuisable, telle une respiration amplifiée, dans un présent ébloui. Le bonheur non après, mais en premier, avant toute autre manifestation dans l’éternité d’un instant. Le bonheur d’exister, d’être, de partager, de se confronter. Et le reste ? Le reste vient après. Etre heureux ou malheureux ? Etre crispé ou détendu ? Tout ça... à côté ou en plus. Mais le bonheur, là, au premier plan telle une évidence, voilé parfois mais toujours présent, même dans le chagrin, même sous la violence des apparences. Face au bonheur, l’injustice n’est pas dans les remous ou les violences impitoyables de la vie, elle est plutôt dans tout ce qui empêche chacun d’entre nous de se relier à son bonheur de vivre. Elle est dans l’incapacité à se sentir vivant, présent au présent. Dans le refus de s’agrandir. Par crainte de se perdre ou... de se trouver ! L’injustice est dans toutes les autoprivations que nous nous infligeons, par peur de déplaire, par crainte du qu’en-dira-t-on, des jugements de valeur, des croyances erronées qui nous dévient du chemin pour oser le bonheur, pour oser le rencontrer, pour accepter de l’accueillir et de communiquer avec lui. Le bonheur, faut-il le rappeler, c’est également une petite lumière au clair de soi. Petite veilleuse fidèle, patiente et inaltérable, patiente mais qu’il est bon de raviver sans cesse jour après jour, qu’il est bon de tenir à l’abri des vents, de protéger des tempêtes du chagrin ou de la pluie des désespoirs. Une petite lumière qu’il appartient à chacun de préserver de la malveillance, des pensées négatives, des poisons du ressentiment, de l’inattention des habitudes. Le bonheur, conquête permanente sur la lassitude et les enfermements. Le bonheur, une toute petite flamme immobile, précieuse, magique et mystérieuse au plein cœur de chacun. Une lumière sertie dans les voiles bleutés de la tendresse en ses murmures tissés. Le bonheur, ah ! le bonheur. Jacques Salomé
|