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L’armée Népalaise s’engage dans la cyber-reppression

Source : RSF. Le 21.07.2005

Reporters sans frontières s’inquiète de l’augmentation des violations à la liberté d’expression sur Internet de la part de l’armée népalaise. Blocage de sites Internet, menaces adressées à des bloggers, fermeture d’un forum de discussion et surveillance des emails : depuis le 1er février 2005, l’armée, sous l’autorité du roi Gyanendra, a accentué son contrôle d’Internet.


« La censure directe et indirecte imposée aux médias népalais par le roi Gyanendra en février 2005, a rendu encore plus vitale la liberté d’expression sur Internet. Mais l’armée et le gouvernement ont étendu leur politique répressive au cyber espace népalais, a affirmé Reporters sans frontières. Nous demandons la fin des blocages de sites Internet et des pressions répétées des autorités sur les fournisseurs d’accès. »

Plus d’une dizaine de sites d’information issus de la société civile népalaise ou de communautés népalaises à l’étranger sont bloqués par les fournisseurs d’accès. Les derniers en date, www.samudaya.org et www.insn.org, ont été rendus inaccessibles, le 30 juin 2005, par la majorité des 16 fournisseurs d’accès népalais. Un message d’erreur apparaît quand on tape l’URL de ces sites. Lors d’une conférence de presse tenue à Katmandou, un porte-parole de l’armée a confirmé le blocage de ces sites accusés de travailler pour les « terroristes ». Selon un journaliste du quotidien Kantipur, les autorités militaires reprocheraient en réalité à samudaya.org d’utiliser un vocabulaire familier pour qualifier le roi et les plus hautes autorités du gouvernement. De leur côté, les animateurs de samudaya.org démentent soutenir les maoïstes. « Si le ministère pense que nous avons soutenu les maoïstes, nous leur demandons de préciser où, quand et comment », s’interrogent les responsables de samudaya.org dans un communiqué.

Insn.org aurait été visé pour avoir mis en ligne des communiqués des maoïstes. Ses animateurs se défendent également de favoriser les rebelles. « Nous mettons en ligne aussi bien les communiqués des maoïstes que le discours du roi et même une vidéo de l’armée », confirme l’un des animateurs du site. « Nous n’avons jamais été avertis par l’armée ou les fournisseurs d’accès. Et il n’y a aucune base légale à notre interdiction puisqu’il n’y a pas de loi spécifique à Internet », ajoute l’une des journalistes de insn.org.

Parmi les vingt-trois sites Internet d’informations interdits d’accès aux internautes népalais, une dizaine d’entre eux sont liés au Parti communiste népalais - maoïste, notamment http://www.cpnm.org-> ou http://krishnasenonline.org, et diffusent des appels à la violence armée mis en ligne sur ces sites dont certains animateurs se présentent comme des journalistes combattants.

Après le coup de force de février, les autorités ont exigé la fermeture d’un forum de discussion très populaire du site Nepalnews.com. Dans les semaines qui ont suivi, les animateurs du blog United We Blog ont été convoqués par un officier militaire qui leur a rappelé leur responsabilité concernant le contenu du blog. L’un des animateurs de ce blog a confirmé à Reporters sans frontières que le service des relations publiques de l’armée (Directorate of Public Relations - DPR), dirigé par le général Depak Gurung, s’intéresse de plus en plus aux activités sur Internet. En plus d’assurer la communication des forces armées, le DPR fait régulièrement pression sur les journalistes pour influencer leur couverture du conflit et contrôle le contenu des sites traitant du Népal.

Interrogé par Reporters sans frontières, un technicien de Mercantile, l’un des principaux fournisseurs d’accès du royaume, a confirmé que les autorités menaçaient les fournisseurs d’accès de retirer leurs licences s’ils n’obéissaient pas aux ordres de blocage. Par ailleurs, ce technicien a confirmé que des équipes de l’armée royale et de la Nepal Telecomunications Authority (NTA) avaient récemment visité les bureaux des fournisseurs d’accès pour vérifier les serveurs.

D’autres sources locales ont indiqué à Reporters sans frontières que les autorités auraient déjà forcé certains fournisseurs d’accès à installer dans leurs machines des logiciels filtrant les courriers électroniques. Ainsi, en mai, Mercantile a cessé de diffuser les courriers électroniques de ses clients pendant plus de 48 heures pour des raisons techniques. Depuis, certains clients ont constaté que les emails traitant notamment des maoïstes ne sont plus délivrés. Mercantile n’a pas confirmé la mise en place de ces filtres.

Le Népal compte environ 300 000 internautes.



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